Chapitre 12

Question de confiance

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Malgré la curiosité des autres, James prétexta la fatigue et refusa de leur raconter le détail de ses aventures. Il leur indiqua seulement avoir voyagé dans le temps, jusqu’à l’époque des fondateurs, et en avoir découvert davantage que prévu au sujet de Merlin. Il promit de tout leur dire le lendemain matin – qui se trouvait être un samedi. À contrecœur, Rose et Ralph finirent par acquiescer, et les quatre élèves sortirent à pas de loup des combles où Poudlard entreposait d’anciennes reliques. Sans se poser de question, James laissa Ralph et Scorpius le guider dans un dédale de couloirs. Ils finirent par retrouver l’escalier principal.

Rose refusa d’attendre pour satisfaire sa curiosité.

— Tu as vraiment rencontré les fondateurs ? demanda-t-elle dans un chuchotement rauque.

Epuisé, James hocha la tête.

— Oui. Et ils étaient bien plus… réels que je n’aurais jamais pu l’imaginer.

Rose le regarda, les yeux écarquillés.

— Comment était Helga Poufsouffle ? insista-t-elle. C’est celle dont on parle le moins.

— Un peu brusque, mais gentille, répondit James. Même après que Serpentard ait tenté de nous tuer tous, elle a cherché à parlementer avec lui. Elle n’était pas pénible – aucun d’eux ne l’était – mais tous étaient durs et aguerris… (Il soupira.) Je t’en dirai plus demain. Comment avez-vous su que j’avais disparu ?

— Eh bien, tu as quand même été absent vingt-quatre heures, chuchota Ralph. Cédric m’a réveillé hier, au milieu de la nuit, pour me raconter ce qui s’était passé. D’après lui, Merlin a ensorcelé la gargouille pour le prévenir si quelqu’un utilisait le mot de passe et montait jusqu’à son bureau. Toute la journée, Merlin n’a pas arrêté d’arpenter l’école. Il paraissait hyper énervé, mais il n’a pas dit un mot. D’après Rose, il cherchait quelque chose.

— Je pense qu’il cherchait le Miroir du Riséd, intervint Rose. Il a dû sentir sa présence, ou deviner qu’il était caché quelque part. Mais il n’a pas pu le trouver. Je présume que le miroir est protégé par un sortilège quelconque. Ça a dû rendre Merlin furieux.

— Mais alors, comment l’avez-vous trouvé ? s’étonna James.

Ils s’arrêtèrent, ayant atteint l’endroit où ils devaient se séparer. Ralph regarda Scorpius, qui haussa les épaules.

— Je savais il était, répondit le garçon pâle. Je savais aussi quand attendre, plus ou moins.

Le château était silencieux, tout était obscur. Non loin, le vitrail d’Héraclès avait une fois de plus changé : la caricature de Scorpius était revenue. Rusard serait furieux.

James secoua la tête.

— Scorpius, vraiment, je n’y comprends rien. Comment pouvais-tu savoir ?

Scorpius poussa un long soupir.

— On me l’a dit. Mon père le savait, il l’a toujours su. Depuis des années, il étudie les écrits laissés par les fondateurs. En fait, c’est sa passion. Il voulait tout découvrir de Salazar Serpentard, apprendre à mieux le connaître, cerner sa personnalité. Et un jour, il s’est intéressé aussi aux journaux de Rowena Serdaigle. Elle les a écrits toute de sa vie, et a absolument tout marqué. Mon père a d’abord dû découvrir les codes qu’elle utilisait pour crypter ses écrits. Mais il affirme que Rowena souhaitait qu’on la lise pour que le monde soit prévenu. Elle a décrit le garçon qui était venu du futur, celui qui avait parlé aux fondateurs. Elle a compris que, pour qu’il réussisse à retourner à son époque, à travers le miroir, quelqu’un devait l’attendre de l’autre côté. Elle a dû considérer que c’était son devoir d’y veiller, aussi elle a laissé des consignes codées, et fait le nécessaire pour que tout soit transmis, de génération en génération, aux personnes qu’il fallait : à ceux qui seraient capables de comprendre. Je ne sais pas comment mon père a hérité de ses journaux, mais il y avait un sortilège extratemporel pour les préserver, ainsi que les instructions.

James avait de plus en plus le sentiment de perdre pied.

— Mais comment a-t-elle pu faire ça ? Comment a-t-elle su le moment exact de mon retour ?

À nouveau, Scorpius haussa les épaules.

— Il faudra que tu poses la question à mon père. Mais je ne vois pas en quoi c’est important. Après tout, ça a marché, non ? Elle ne s’est pas trompée.

— La réponse est évidente, chuchota Rose. C’est toi, James, qui as dû lui dire l’époque d’où tu venais. Ou au moins lui donner des indices.

— Non, absolument pas ! s’écria James, je n’en ai pas eu le temps. (Tout à coup, un souvenir lui revint.) En fait, je leur ai parlé de la réapparition de Merlin. J’ai dit que ça s’était passé il y a un an… la nuit de l’alignement des planètes.

— Elle n’a rien eu besoin de plus, répondit Rose. Tous les sorciers savaient comment dater ce genre d’événements. Rowena Serdaigle a dû déterminer la date exacte de l’alignement, puis ajouter différents autres critères : le jour de la semaine ; le mois ; le moment du trimestre à l’école ; et même les phases de la lune. C’était une sorcière extraordinairement intelligente.

— Je sais, acquiesça James. Je n’en doute pas du tout. Mais comment avez-vous pu retrouver le miroir si Merlin lui-même n’en a pas été capable ?

Rose coupa la parole à Scorpius qui ouvrait déjà la bouche pour répondre.

— Dans son journal, Rowena Serdaigle a laissé une sorte de carte. Elle a ensorcelé le Miroir du Riséd. Avec une incantation magique, la carte reçoit le signal. Nous avons juste dû suivre la piste indiquée. En trouvant le miroir, nous l’avons simplement touché et souhaité que « revienne celui-qui-est-perdu ». Après, nous avons attendu. Et tout à coup, bang ! tu es revenu.

— Ça a marché impec, chuchota Ralph avec un grand sourire. Et tout ça, grâce à Scorpius – et à son père.

Scorpius leva les yeux au ciel, avec une grimace moqueuse.

— Ça suffit, les fleurs ! J’ai d’autres plans pour demain que passer mon samedi en retenue. Si vous restez ici, vous allez-vous faire prendre par la vieille chatte fouineuse de Rusard. Faites ce que vous voulez ; moi, je retourne au lit.

Il se tourna et commença à monter les escaliers. James trouva son avis excellent. Il souhaita bonne nuit à Ralph qui descendit vers les sous-sols puis il suivit Scorpius, sa cousine à ses côtés.

Tandis que les trois élèves passaient sous le portrait de la Grosse Dame pour entrer dans la salle commune de Gryffondor, Rose adressa à James un sourire ensommeillé.

— Je suis tellement contente que tu sois revenu, James ! Nous ne savions pas où tu étais parti, ni si les informations de Scorpius étaient exactes. J’avais tellement peur ! Je pensais que Merlin t’avait peut-être envoyé… quelque part.

James plissa le front. Il se souvenait des avertissements de Rowena Serdaigle, lui disant de ne pas se laisser charmer par Merlin. Il savait qu’il aurait peut-être à affronter l’enchanteur un jour, au moment voulu. Il essaya d’adresser à sa cousine un sourire rassurant.

— Je vais très bien, dit-il, mais je suis passé près de la catastrophe. Je te raconterai ça demain. Je te raconterai tout, si ça t’intéresse vraiment. Pour le moment, allons dormir. Je suis à moitié mort.

Ils se souhaitèrent bonne nuit, puis chacun d’eux monta l’escalier de son dortoir. Quand James entra dans la chambre obscure, Scorpius était déjà couché, le dos tourné.

James réalisa que la robe de clerc qu’il avait empruntée dans l’ancienne version de Poudlard n’avait pas traversé le temps avec lui. Il portait à nouveau son pyjama rayé. Très fatigué, il posa ses lunettes et sa baguette sur sa table de chevet, et monta dans son lit. Il resta un moment étendu, puis se rassit.

— Scorpius ? appela-t-il.

L’autre ne bougea pas, mais James savait qu’il écoutait.

— Je ne sais pas trop pourquoi tu m’as aidé, mais merci. Merci beaucoup.

James se laissa retomber en arrière. Une bonne minute plus tard, il était presque endormi quand il entendit Scorpius bouger. Dans l’obscurité, le garçon répondit dans un chuchotement rauque :

— Ne me remercie pas encore, Potter. Le temps viendra où tu regretteras sans doute d’être revenu. Le temps viendra peut-être où tu me maudiras de t’avoir aidé.

 

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Le lendemain matin, James dormit très tard. Quand il se réveilla, l’éclat aveuglant de la neige et du givre brillait derrière la fenêtre du dortoir. Il prit une douche, s’habilla, et dégringola les escaliers, à la recherche de ses amis. Il finit par trouver Rose et Ralph dans la bibliothèque où ils se disputaient à voix basse sur la façon de répondre aux derniers devoirs donnés par le professeur Revalvier.

— Vous êtes consternants, dit James. On n’a pas idée de travailler un samedi matin.

— Techniquement, répondit Rose, ce n’est plus le matin. Et d’ailleurs, on t’attendait. Je meurs d’envie de savoir ce qui s’est passé hier.

Ralph referma son livre avec un claquement sec.

— Je te signale qu’on gèle dehors. Même le lac est couvert de glace. Dans les salles communes, tous les autres ne parlent que du prochain bal, pour le réveillon, en réfléchissant à celui ou celle qu’ils emmèneront. Il n’y a rien à faire ! Au fait, tu as reçu le canard de Zane ?

James cligna des yeux.

— Quand ? La nuit dernière ?

— Non, ce matin très tôt. Euh… pour Zane, c’était sans doute la nuit dernière. Lui aussi voulait savoir ce qui t’était arrivé. Il veut être prévenu par canard dès que tu seras prêt à parler. Il dit qu’il pourra nous retrouver si on lui donne un endroit précis.

Avec un sourire, James secoua la tête.

— C’est dingue.

— C’est Zane, répondit Ralph, en haussant les épaules.

— Et Scorpius ? demanda James à contrecœur. On l’invite aussi ?

— Non. (Rose eut l’air mal à l’aise.) Il prétend déjà savoir tout ce qu’il a besoin de savoir.

— Je ne comprends pas trop ce que ça veut dire, ajouta Ralph. Au fait, ça me rappelle un truc : hier, tu as reçu quelque chose qu’on appelle une Beuglante.

— Quoi ? s’écria James en fronçant les sourcils. Une Beuglante ? Et de qui ?

— De ta mère, répondit Rose. La lettre est arrivée au petit-déjeuner. Comme tu n’étais pas là pour l’ouvrir, nous avons essayé de la sortir de la Grande Salle, mais elle nous a explosé dans les mains. J’ai peur que tout le monde ait entendu. Tu aurais dû nous le dire, James.

— Mais de quoi tu parles ? Qu’est-ce que j’ai fait ? Pourquoi cette Beuglante ?

Rose scruta attentivement son visage.

— Tu ne sais pas ?

— Zut, Rose, arrête ! Qu’est-ce que ma mère voulait ?

— Tante Ginny était furieuse, et sa voix a résonné comme une trompette. Elle a dit qu’une fois, ça passait, et qu’elle n’avait rien dit parce que tu étais le fils de ton père ; qu’elle avait espéré que tu retiendrais la leçon. Elle a dit que ces objets étaient dangereux ; et qu’ils appartiennent à ton père et non à toi. D’après elle, ton père aussi était très déçu que tu aies recommencé. Ta mère a dit qu’elle espérait que tout le monde entendrait sa Beuglante, y compris les professeurs, pour qu’ils sachent tous que tu comptais fouiner dans Poudlard avec la Carte du Maraudeur et la cape d’invisibilité de ton père. Elle espère que tu seras puni pour ça.

Sous le choc, James bafouilla plusieurs mots inaudibles avant de réussir à faire une phrase cohérente.

— Mais… je ne les ai pas prises ! Je ne les ai pas retouchées depuis l’année dernière. Elles doivent toujours être à la maison, dans la malle de mon père ou ailleurs.

— Non, dit Rose, soulignant l’évidence, même si tu ne les as pas prises, elles ne sont pas chez toi, ni dans la malle de ton père. Elles ont disparu, et ta mère est certaine que c’est toi le coupable.

James était à la fois furieux et blessé d’être accusé aussi injustement. D’accord, il avait emprunté la cape et la carte l’an passé, mais il avait eu pour ça de très bonnes raisons. Cet été, il avait accepté sa punition. Et il n’avait pas la moindre intention de recommencer. Qui alors avait pu prendre ces deux objets ? Tout à coup, avec un sursaut, James se souvint du dernier matin, avant de prendre le Poudlard Express. Le front plissé, il évoqua le retard suspect de son frère à faire ses bagages.

— Quel petit Scroutt menteur et dissimulé ! cracha-t-il, furieux.

— Quoi ? s’étonna Rose. Qui ?

— Albus ! Il est bien digne d’être un Serpentard ! C’est lui qui a volé les affaires de papa, c’est évident. Ça ne peut être que lui. Le dernier matin, à la maison, alors que nous devions partir, il a traîné, sans même fermer sa malle. Et tout à coup, il est parti en courant. Mes parents étaient en bas, à préparer la voiture. Il a dû aller dans leur chambre et prendre la cape et la carte dans la malle de papa. Il savait parfaitement que les parents feraient retomber ça sur moi.

— Tu ne peux pas dire ça, dit Rose fermement.

— D’accord, acquiesça James. Et pourtant, j’en suis certain. Attends un peu que je le rattrape. Je vais lui faire envoyer un hibou aux parents, et confesser ce qu’il a fait. Tu vas voir ça.

— En attendant, intervint Ralph, nous attendons toujours d’entendre tes aventures d’hier. Aussi, pourrais-tu satisfaire notre curiosité et repousser ce petit détail concernant ton frère à plus tard ?

Toujours furieux contre Albus, James accepta à contrecœur. Dans l’après-midi, il aurait largement le temps de chercher son frère. Peut-être accepterait-il l’offre de Ralph, et descendrait-il avec lui jusqu’à la salle commune de Serpentard ?

Ralph continua :

— Rose et moi avons réfléchi, et nous avons trouvé un super endroit pour convoquer Zane et entendre tranquillement ton histoire. Va chercher ta cape, et retrouve-nous à l’entrée de la rotonde. Et amène ta baguette !

Quelques minutes plus tard, comme convenu, James retrouva Ralph et Rose près des statues brisées des quatre fondateurs. Les grandes portes avaient été fermées contre le vent glacé, mais il restait un petit portillon d’accès sur la gauche, et c’est là que Rose les mena.

En traversant le sol de marbre, James ressentit une sensation très étrange. Il se souvenait d’avoir vu les statues ici même, la veille, intactes, toutes neuves. En passant sous la voûte, il leva les yeux : le nom de l’école, gravé dans le linteau, était effacé, presque noyé dans l’ombre du haut plafond. James se demanda s’il trouverait encore des morceaux de miroir cassé sur le sol en se penchant derrière les statues. Il frissonna.

Une fois sortis, les trois élèves plissèrent les yeux devant la vive luminosité du soleil qui se reflétait sur la blancheur de la neige. Plus loin, le lac était effectivement à moitié gelé, sauf au milieu, où apparaissait l’eau noire agitée de petites vagues. Le vent était vif. Il faisait voler des flocons de neige gelée qui piquaient le visage comme des grains de sable. En silence, ils firent ensemble le tour du château, enfouis dans leur manteau pour mieux lutter contre le froid.

James fut amusé de voir que Rose les conduisait vers l’ancienne grange de pierre où Hagrid gardait sa ménagerie. Ralph ouvrit la porte principale.

— Ici au moins, il fera chaud, dit-il. Et je suis certain que personne ne nous verra, ou ne viendra nous déranger. Il fait bien trop froid pour se balader.

Grâce aux flammes que lançait régulièrement Norberta, il faisait effectivement tiède à l’intérieur de la vieille grange. Accrochées au mur, plusieurs lanternes jetaient sur le sol de terre battue une douce lueur dorée, agréable et douillette. Par contre, une lumière froide hivernale émanait des petites fenêtres. Dans leur cage, les bêtes grognaient et aboyaient au passage des élèves.

— Il y a des bancs près des stalles du fond, signala Rose. On pourra s’asseoir. J’ai emmené un thermos de chocolat chaud et quelques Nids de Cafards.

— Pétard, Rose ! s’exclama Ralph, enchanté. Tu penses vraiment à tout.

Une fois assise, Rose ouvrit son sac, en sortit des provisions, le thermos, et quelques verres.

— Dommage pour Zane, remarqua-t-elle. Il ne pourra pas partager notre pique-nique.

— Ne t’inquiète pas, j’ai tout ce qu’il me faut, dit une voix joyeuse.

Quand Zane apparut de nulle part, les trois autres sursautèrent, puis levèrent les yeux. L’Américain flottait à deux mètres du sol, assis dans l’air. Il mâchonnait une saucisse plantée dans une fourchette.

— Ici, c’est l’heure du petit déjeuner, dit-il, et je ne suis pas tellement du matin. Mais pour rien au monde, je ne voudrais rater ce rendez-vous. James, je suis vraiment content de te revoir.

— Euh… Merci, répondit James. Mais c’est un peu bizarre. Tu es… Euh… en l’air.

— Oui, je sais. (Mangeant toujours avec appétit, Zane regarda derrière lui.) Hey ? Raphaël, qu’est-ce qu’on doit faire quand le Doppelgänger se met à léviter ?

Il y eut un silence, comme si Zane écoutait la réponse. Puis il hocha la tête.

— Désolé, les mecs, continua-t-il. Apparemment, ça fait partie de l’intuition normale d’un Doppelgänger. Il doit trouver la lévitation plus terrifiante comme effet. Peut-être que je redescendrai un brin quand il en aura marre.

— Tu as créé un Doppelgänger pour envoyer des messages visuels ? s’exclama Rose, en ouvrant des yeux incrédules.

— Tu ne lui as pas expliqué ? s’enquit Zane en regardant James. Et pourtant, elle a compris tout de suite. Elle est drôlement intelligente.

— Mais c’est impossible ! bafouilla Rose. Les Doppelgängers ne sont qu’un mythe. C’est aussi invraisemblable que la théorie du chaos et de l’aile de papillon.

Ralph croquait un Nid de Cafards avec appétit.

— Il est un peu tard pour prétendre que ça ne marche pas, Rosie, dit-il.

— Nous pouvons le maintenir aussi longtemps que c’est nécessaire, affirma Zane. (Il posa sa fourchette – qui sembla flotter à ses côtés, sans être posée nulle part.) De temps à autre, il faudra simplement que vous me lanciez un Maléfice Cuisant, ou autre chose du même genre, histoire de ranimer un peu la magie. À mon avis, Franklyn est ravi de faire de nouvelles expériences. Alors, vas-y, James. Raconte-nous tes aventures à l’Âge de Pierre.

Essayant de se souvenir de tout, James se lança dans son récit. Il expliqua son voyage à travers le miroir et comment, contre toute probabilité, il en était arrivé à devenir le mystérieux « fantôme de la plinthe », comme Ashley Doone l’en avait accusé par plaisanterie. Ceci nécessita d’autres explications, parce que l’Américain n’avait jamais vu la photo des quatre fondateurs, ni entendu les différentes hypothèses concernant le visage flou caché à l’arrière-plan. Ensuite, James expliqua sa capture par Salazar Serpentard, et la conversation qu’il avait entendue entre le sorcier chauve et le Merlin de ce lointain passé. Il décrivit le duel au sommet de la tour Sylvven, puis la façon dont les deux sorcières, Serdaigle et Poufsouffle, avaient retrouvé dans la chambre de Serpentard le miroir jumeau de l’Amsera Certh de Merlin. Enfin, il répéta l’avertissement de Rowena Serdaigle concernant le retour du Merlin, son rôle d’Émissaire du Gardien des Portes. En guise d’explication, James sortit le tabloïd que Lucy lui avait envoyé quelques mois plus tôt, détaillant le mode de fonctionnement de l’horrible créature auprès des Moldus.

Quand James arrêta enfin de parler, il ne restait plus de chocolat chaud ni de Nids de Cafards, et les trois amis avaient dû envoyer à Zane plus d’une dizaine de Maléfices Cuisants.

— D’accord, commenta Zane, à voir la façon dont les deux sorcières ont réagi quand tu l’as découvert, les fondateurs connaissaient déjà ce miroir du Riséd, James.

— C’est vrai, admit Rose. Apparemment, elles le connaissaient, mais croyaient qu’il avait été détruit. Serpentard a dû s’arranger pour le garder pour lui tout seul. Après le passage de James, les autres fondateurs l’ont récupéré mais sans le Livre Compas – que Serpentard a dû cacher ailleurs. James, tu as changé l’Histoire !

— Non, dit Ralph, en fronçant les sourcils. De toute évidence, les quatre fondateurs avaient déjà récupéré le miroir magique du Riséd avant que James ne retourne dans le passé. James, si je me rappelle bien, ton père aussi l’avait découvert à Poudlard, non ? Et il a tenu une grande place dans certains de ses livres.

James hocha la tête.

— Oui, je l’ai souvent entendu en parler. En première année, il a revu ses parents morts dans le miroir. C’était très important pour lui. En fait, d’après Dumbledore, c’était même trop important.

— C’est pour ça que les Retourneurs de Temps ont été interdits, indiqua Rose avec un petit reniflement de regret. Il est très compliqué de voyager dans le temps, et ça risque de rendre fou. Si James est retourné dans le passé, j’imagine qu’il y a une raison… et que c’était déjà écrit. C’est à cause de lui que le miroir a été repris à Serpentard cette nuit-là. C’est pourquoi son visage apparaissait sur la photo des quatre fondateurs, avant même qu’il ne fasse ce voyage dans le temps. C’est logique.

Le visage de Ralph était plissé par la concentration.

— Si tu veux mon avis, ça ne me paraît pas si logique que ça.

— D’accord, c’est bizarre, dit Rose. (Elle jeta un coup d’œil à la silhouette flottante de Zane.) Mais pas plus que d’utiliser un Doppelgänger pour transmettre des messages. Le monde magique devient de plus en plus improbable et compliqué.

— Mais nous avons quand même appris des trucs importants sur Merlin, dit James tristement. Nous ne pouvons pas lui faire confiance. Il est bien l’Émissaire du Gardien. Peut-être devrons-nous le combattre pour renvoyer le Gardien dans le Néant…

— Pas moi ! dit Ralph, en secouant la tête. Je ne peux pas. Ma baguette vient de son bâton. Elle se retournerait probablement contre moi.

Rose secoua la tête.

— Non, Ralph, ça ne marche pas comme ça. Dorénavant, ta baguette t’appartient. Une baguette obéit toujours au sorcier qui l’a obtenue.

— Nous ne serons probablement pas obligés de combattre Merlin, dit Zane, l’expression songeuse. Je ne pense pas qu’il soit si intéressé par le retour du Gardien. Il savait juste que c’était un risque à envisager. Il a pris la balise-pierre de Serpentard pour pouvoir contrôler la malédiction si elle se produisait. Peut-être a-t-il l’intention de renvoyer lui-même le Gardien dans le Néant ? Après tout, comme je te l’ai déjà signalé, James, tu respires toujours. Et si Merlin était mauvais, ce ne serait pas le cas. Il sait que tu es au courant, surtout maintenant.

— Il n’a que la moitié de la balise-pierre, répondit Rose. Serpentard a gardé l’autre, avec l’intention de la transmettre à ses descendants, jusqu’au dernier survivant quand la malédiction arriverait. Lui aussi voulait pouvoir intervenir. En fait, ni Merlin, ni cet héritier mystérieux, ne peuvent réellement contrôler le Gardien, puisqu’ils n’ont pas la balise entière. Il faudrait réunir les deux pierres pour renvoyer le Gardien dans le Néant.

— Ou alors le libérer sur la terre, dit Ralph avec un frisson. Cette chose est déjà là, dehors, non ? C’est ça que nous avons vu, l’autre jour, dans le miroir magique ! Le truc qui parlait à la statue sur la tombe de Voldemort. La malédiction est déjà en marche.

— Merlin cherche peut-être à retrouver l’autre moitié de la pierre ? proposa Zane. Je n’arrive pas à croire qu’il soit passé du côté obscur.

— Il n’a pas besoin de « passer », dit James. D’après Serdaigle, Merlin est mortellement dangereux. Rose avait raison, ce n’est qu’un mercenaire magique. Il a arrêté de tuer pour de l’argent quand il est tombé amoureux de la Dame du Lac. Mais quand son histoire a mal tourné, Merlin a voulu se venger. Il a fini par tuer celle qu’il aimait, sans même le savoir. Après ça, il s’est mis à détester le monde entier, les sorciers et les Moldus. C’est pour ça qu’il a pris la balise-pierre de Serpentard ! C’est pour ça qu’il a laissé revenir avec lui une créature qui pourrait détruire la terre. À quoi ça sert de le nier ? C’est la vérité.

Zane secoua la tête, très grave.

— J’espère que tu as tort, James, mais si tu as raison, il vous faudra faire vraiment très attention tous les trois.

— Nous ne sommes pas seuls, dit James tristement. Le monde entier va devoir faire très attention. Mais bon, maintenant, il n’y a qu’une seule chose à faire pour aider.

— C’est quoi ? demanda Rose.

— Surveiller Merlin, répondit James avec force. Et essayer de retrouver avant lui les deux moitiés de la balise-pierre.

 

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Les vacances de Noël approchaient. Quelques jours après son retour, James réalisa que le temps passait dans un tourbillon d’activités. Il avait voulu affronter son frère au sujet de la cape d’invisibilité et de la Carte du Maraudeur, et demander à Ralph de l’emmener dans la salle commune de Serpentard, mais chaque soirée semblait remplie de travail, de devoirs à rendre, de préparatifs pour la réunion hebdomadaire du club de Défense, de répétitions de la pièce, d’essais des costumes.

Le soir du dernier match de l’année, James n’avait pas encore pu parler à Albus en tête-à-tête. Il était déterminé à le faire cette nuit même, après le match. En plein hiver, le crépuscule tombait tôt. Sur le terrain de Quidditch, la visibilité était encore aggravée par d’énormes nuages arrivant de l’est. Quand James et Rose s’installèrent à leur place, dans les gradins de Gryffondor, d’épais flocons se mirent à tomber. La neige formait comme un rideau et transformait le terrain en une sorte de scène fantomatique. De l’autre côté, les gradins de Serpentard ressemblaient à un énorme monolithe grisâtre.

Les joueurs émergèrent de leur stand, omettant, à cause de la mauvaise visibilité, leur traditionnel tour du terrain avec des acrobaties variées. Sans doute devaient-ils craindre de télescoper dans le brouillard, avant même que le match commence. Loin en dessous de James, à peine visible, le capitaine de l’équipe de Quidditch de Gryffondor, Devindar Das, serra la main de Tabitha Corsica, capitaine de l’équipe Serpentard. Peu après, les deux capitaines s’envolèrent pour rejoindre leurs équipes déjà en l’air. Cabe Ridcully, le professeur de Quidditch, qui était aussi l’arbitre officiel du match, relâcha les deux cognards et le vif d’or, puis il jeta le souafle en direction des équipes aux aguets. Immédiatement, le jeu commença, et chaque joueur se rua dans l’action.

James trouva le match très difficile à suivre, mais pas seulement à cause de la neige qui tombait de plus en plus dru, aveuglant quasiment les spectateurs. En fait, James ne s’était pas remis de son échec – pour la deuxième année de suite ! – à rentrer dans l’équipe de sa maison. Il n’arrivait toujours pas à admettre avoir oublié le jour des essais. Chaque fois qu’il y pensait, il se maudissait. Il aurait dû être là-haut pour affronter Albus, l’attrapeur de l’équipe adverse. C’était vraiment humiliant de voir son frère sur un balai, faire montre de ses talents. Heureusement, étant Gryffondor, James pouvait encourager les adversaires d’Albus sans paraître mesquin ou jaloux. Quand Noah envoya sur Albus un cognard bien placé qui le heurta dans le dos, manquant le projeter à bas de son balai, James bondit et hurla des quolibets moqueurs. En se rasseyant, il se sentit coupable, puis il se souvint qu’Al avait probablement emporté la cape et la carte, laissant James en porter la responsabilité. Aussi, il cria plus fort encore, conseillant à Noah de viser la tête la prochaine fois.

Le match fut très serré. Gryffondor gagna, mais de justesse. Tara Umar, l’attrapeur de Gryffondor marqua la fin du match et fit le tour des gradins, le bras levé avec le vif d’or, tandis que l’air vibrait de hurlements rauques et de vociférations délirantes.

James dévala les escaliers deux par deux avec l’intention de rattraper Albus sur le terrain. Il courut dans l’herbe couverte de neige, et regarda à droite et à gauche, pour chercher son frère. Et finalement, il le vit, le balai sur l’épaule, la tête basse, plongé dans une conversation intense avec Tabitha Corsica et Philia Goyle. Avec un mélange de dépit triomphant et de juste colère, James fonça sur eux.

— Albus, il faut que je te parle ! hurla-t-il, pour couvrir le bruit des élèves qui partaient. Maman m’a envoyé une Beuglante, et c’est toi qui aurais dû la recevoir.

Albus ne répondit pas, mais les deux sorcières se tournèrent pour regarder James. Si Philia fronçait les sourcils d’un air menaçant, les yeux de Tabitha étaient étrangement brillants et mornes. Elle vit James approcher, mais resta silencieuse.

En s’arrêtant non loin du petit groupe, James piqua un fard. Il avait la très nette sensation qu’il interrompait quelque chose, et se sentait mal à l’aise. Ce qui le rendit furieux. C’est lui qui devait diriger la discussion. Il se racla la gorge, bruyamment.

— Je t’ai entendu, déclara son frère sans se retourner.

Tabitha tourna la tête, comme pour fixer la neige qui continuait à tomber, silencieuse et régulière. Au bout d’un moment, elle prit le balai d’Albus et s’éloigna vers le stand de Serpentard. Philia la suivit, après un dernier regard noir adressé à James. Albus se tourna, mais sans relever les yeux.

— Franchement, James, dit-il, tu tombes très mal.

— Je suis désolé ! aboya James. Je ne savais pas qu’il fallait un rendez-vous pour te voir. Je présume que c’est « Tabby » qui gère ton emploi du temps ?

— Je ne parlais pas de moi, sombre idiot, dit Albus en regardant son frère. Mais Tabitha traverse une période noire. Perdre ce soir a été la goutte d’eau inutile. Pour elle, c’était très important. Je sais bien que tu t’en fiches. Tu ne t’intéresses qu’aux problèmes de Gryffondor.

Les yeux étrécis, James écarta les mains en signe d’incompréhension.

— Mais de quoi tu parles, Al ? Depuis que tu as disparu dans le donjon de Serpentard, je te vois à peine. Alors, lequel de nous deux ne s’intéresse qu’à ce qui se passe dans sa maison, hein ? Et tu t’en moques peut-être, mais j’ai de très bonnes raisons de détester cette vipère qui a cherché l’an dernier à me causer des tas d’ennuis. Tu n’étais pas là quand elle a traité papa de menteur et d’imposteur devant toute l’école.

Sans croiser le regard de son frère, Albus secoua la tête.

— C’était l’an dernier. Le problème, James, c’est que tu es un Gryffondor. Tu ne comprends rien à la façon dont Tabitha a grandi, ni à ce qu’elle a dû endurer. Bien sûr, je n’approuve pas à ce qu’elle a fait pendant ce débat, mais ça correspond à la façon dont elle a été éduquée. Les Serpentard ont des raisons d’être en colère. Surtout Tabitha.

James l’écoutait à peine. De rage, il tapa du pied la neige et faillit dire un gros mot.

— Je m’en fiche ! Albus, ils se servent de toi. Comment peux-tu ne pas t’en rendre compte ? Ils n’ont pas de cœur. Ils n’en ont rien à cirer de toi, surtout cette menteuse à la langue fourchue. Tu regretteras un jour de les avoir crus. Et ne dis pas que je ne t’aurais pas prévenu !

Le front plissé, Albus étudia James d’un regard dur.

— C’est promis, je ne le dirais pas que tu ne m’as pas prévenu, James. Mais je t’assure que jamais Tabitha ne m’a parlé comme tu le fais ce soir. Jamais elle ne m’a dit du mal de toi comme tu en dis d’elle. C’est mon amie. Et pour être franc, aujourd’hui, j’ai besoin d’amis, bien plus que je n’ai besoin d’un frère.

James était si furieux qu’il avait envie de hurler. Comment Albus pouvait-il être aussi obtus ? Son frère le regardait comme s’il n’attendait qu’une chose : que James s’en aille.

James choisit de revenir à un sujet où il était certain de pouvoir s’indigner.

— Tu as pris la cape d’invisibilité et la Carte du Maraudeur !

Cette fois, le visage de son frère changea. Albus parut étonné, et même un peu inquiet.

— Mais qu’est-ce que tu racontes encore, James ?

— Ne fais pas l’innocent avec moi, Al. Tu as dû entendre la Beuglante que maman m’a envoyée. Rose affirme que tout le monde l’a entendue dans la Grande Salle, l’autre jour, au petit-déjeuner. Maman pense que j’ai repris les affaires de papa – parce que je les avais empruntées l’an passé. Je veux que tu lui dises la vérité.

— Mais quelle vérité, James ? s’exclama Albus, aussi en colère qu’exaspéré. Tu dois les avoir, c’est évident. Moi, je ne les ai pas prises.

— Bien sûr que si ! Ne mens pas. Je sais toujours quand tu mens.

— Alors peut-être ne me connais-tu pas aussi bien que tu le prétends. N’essaye pas de rejeter ça sur moi, James. Je ne veux pas que tu racontes n’importe quoi sur moi, juste parce que tu détestes Serpentard.

— Quoi ? bafouilla James. Ça n’a rien à voir. Je veux juste que maman sache…

— Bien sûr, que ça tout à voir ! hurla Albus.

Sa voix rendit un curieux écho. La neige qui tombait étouffait le brouhaha alentour. D’ailleurs, à présent, le terrain était quasiment désert autour des deux garçons.

— Tu étais si anxieux d’être envoyé à Gryffondor, continua Albus d’une voix plus calme, pour pouvoir être comme papa et maman. Tu t’es tellement efforcé de leur ressembler que tu n’as jamais pris la peine d’être toi-même. Mais je ne suis pas comme toi, James ! Moi, je ne suis que moi. Albus Severus Potter, de la maison Serpentard. Sois jaloux si tu veux, si tu ne peux pas t’en empêcher, mais fiche-moi la paix ! Ne cherche pas à détruire ce que j’ai trouvé dans ma maison. Je savais bien que tu essaierais – on me l’avait dit. Crois-moi, si tu continues, tu le regretteras.

Albus tourna les talons, et s’éloigna rapidement. Sa silhouette fut vite noyée dans la neige épaisse. James fit quelques pas pour suivre son frère, et s’arrêta très vite.

— Al, attends ! cria-t-il. Écoute, Al, je ne comprends pas ce qui s’est passé, mais ce n’est pas du tout ce que je voulais dire. Zut, pourquoi nous disputer comme ça ? Pourquoi laisser quelque chose d’aussi stupide que nos différentes maisons intervenir entre nous ?

James devina que son frère s’était arrêté. Il n’était plus qu’une vague ombre grise perdue dans la neige.

— C’est toi qui crées des problèmes, James. Pas les Serpentard.

— Écoute, dit James, mal à l’aise, on oublie tout, d’accord ? Dis-moi juste un truc… Est-ce que c’est vrai que tu n’as pas pris la cape et la carte ?

La silhouette se retourna pour regarder James. Albus sembla secouer la tête, mais James n’en était pas certain. Tout à coup, son frère demanda :

— Tu vas retourner à la maison pour les vacances ?

James fut surpris.

— Bien sûr, pourquoi pas ?

— Maman s’imagine que nous parlons souvent ensemble, même si ce n’est pas le cas, répondit Albus en guise d’explication. Le jour où tu as reçu une Beuglante, elle m’a écrit. Le Terrier va être vendu. Pendant les vacances, la famille va déménager tout ce qui reste à l’intérieur. C’est le seul moment où tout le monde sera disponible. À mon avis, ça rendra les vacances affreuses. J’ai averti maman que je restais ici. Je ne veux pas voir le travail de grand-père détruit, morceau par morceau.

James eut la sensation de recevoir un coup dans l’estomac.

— Ils vont vendre le Terrier ?

Cette fois, la silhouette floue de son frère sembla hocher la tête.

— Il y a un vieux couple – les Templeton… ils vont l’acheter. Au moins, ce ne sont pas des Moldus. Mais ils ont l’intention de tout détruire, pour faire bâtir à la place une petite chaumière de vacances. D’après maman, ils garderont le verger.

Il y eut un très long silence entre les deux frères. Puis James dit :

— Je ne savais pas. Maman ne m’a rien dit.

— Comme je viens de te le dire, elle pense que nous discutons. Et comme je viens aussi de te le dire, je ne veux pas retourner à la maison pour les vacances et assister à ça. Ça ferait vraiment un super Noël, pas vrai ?

James ne put retenir un petit rire amer.

— Va parler à Tabitha, Al. Nous trouverons bien un moment tous les deux pour discuter.

Sans un mot, Albus se tourna et cette fois, il disparut complètement. James regarda autour de lui. Les gradins étaient quasiment invisibles. Il avait la sensation d’être perdu sur une île déserte, avec un blanc tapis au sol, entouré par d’épais flocons qui tombaient silencieusement. Dans la nuit qui venait, le rideau de neige ressemblait à des cendres. James se frotta les épaules, et soupira, avant de quitter le terrain.

 

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Rose fut aussi bouleversée que lui d’apprendre que le Terrier serait vendu. À contrecœur, elle sembla pourtant comprendre que c’était nécessaire. Ensemble, les deux cousins décidèrent de rester à Poudlard pour les vacances. Rose réussit même à transformer cette décision en une aventure à venir. Elle écrivit immédiatement une courte lettre à ses parents, pour leur demander s’ils ne voyaient pas d’inconvénient à sa décision. James griffonna quelques mots à la suite de la lettre de Rose, disant à sa tante Hermione de prévenir ses parents : James, comme Albus, resterait à l’école.

— Ils accepteront, c’est sûr, dit Rose en fermant son enveloppe. Ils savent très bien que ce serait affreux pour nous de voir cet endroit dépouillé de ses souvenirs – surtout pendant les vacances ! Noël est une période où tout le monde est censé être heureux. D’ailleurs, ce sera bien plus simple pour eux de ranger si nous ne sommes pas dans leurs pieds.

Pour se changer les idées, James réfléchit à nouveau à la menace du Gardien et aux mystérieuses implications de Merlin. Il rappela à Rose et à Ralph la nécessité de chercher les deux moitiés de la balise-pierre. D’après James, ce serait sans doute très difficile de les retrouver…

En fait, ce ne fut pas le cas. La première moitié de la balise-pierre apparut d’elle-même.

James, Ralph, et Rose, prenaient des notes fébriles au dernier cours de Littérature Magique avant les vacances de Noël, quand Merlin frappa un coup sec à la porte de la classe, interrompant le professeur Revalvier.

— Ah, monsieur le directeur, dit-elle en le regardant avec un sourire. En quelque sorte, nous parlions justement de vous. De temps à autre, votre nom apparaît dans le Livre des Rois. Mais les légendes qui vous entourent sont très souvent exagérées, j’en suis certaine.

Merlin s’approcha du bureau du professeur.

— Vraiment ? C’est justement le sujet que je suis venu discuter avec vous – rapidement, si c’est possible.

Le directeur baissa la voix pour ne s’adresser qu’au professeur Revalvier. Les élèves profitèrent immédiatement de la pause pour bavarder, ranger des papiers, et s’apprêter à quitter la classe pour le déjeuner.

Quand Rose lui envoya un coup de coude, James la regarda, mécontent, avant de remarquer ses yeux écarquillés. Elle lui indiqua du menton les deux sorciers qui discutaient près du bureau. James leva les yeux. Merlin se tenait très près du professeur Revalvier, dont le sourire avait disparu. La main du directeur était crispée, puissante et menaçante. Il n’avait pas son bâton avec lui, mais ça ne signifiait rien. En cas de besoin, Merlin était capable de le faire surgir, comme si le bâton restait toujours rangé à sa disposition dans un placard invisible, suivant le sorcier où qu’il aille.

— Quoi ? chuchota James.

Au début, il n’arriva pas à comprendre ce que Rose tenait à lui faire remarquer. Puis, avec un sursaut, il vit l’anneau noir que Merlin portait à la main. La pierre renvoyait des étincelles sombres, comme si elle répugnait à accepter la lumière. James n’aurait pas dû être si surpris. Après tout, durant cette nuit plus d’un millier d’années plus tôt, il avait assisté à la rencontre, et entendu Salazar Serpentard donner à Merlin sa moitié de pierre. Et pourtant, la voir aujourd’hui clignoter d’un éclat démoniaque au doigt du grand sorcier, força James à réaliser que tout était vrai. Jusqu’à maintenant, peut-être n’avait-il pas été complètement convaincu de ne pas avoir vécu une sorte de rêve.

Enfin, Revalvier hocha la tête – de toute évidence mécontente de ce que Merlin venait de lui dire. Le directeur pivota sur ses talons et quitta la pièce, sans jeter un seul regard aux élèves. Le professeur attendit qu’il ait disparu.

— Très bien, dit-elle ensuite, il semble y avoir un léger changement dans les lectures que je vous ai réclamées pour les vacances. (Elle referma le livre posé sur son bureau.) Le directeur souhaite que nous omettions les derniers siècles du Moyen-âge, la période bien sombre du monde magique, et passions directement à la Renaissance. Il a peut-être raison. La Renaissance, comme son nom l’indique, est l’âge d’or de notre Littérature Magique. Donc, je vous dispense de lire le reste de notre manuel actuel, sur le roi Harung Hrinddvane. Peut-être pourriez-vous plutôt commencer le Livre des Légendes Sans Nom, de Waddejlav. Pensez bien à noter par écrit le nom de ces légendes quand vous les lirez : il sera certainement modifié quand nous nous retrouverons.

Tandis que les élèves récupéraient leurs affaires et s’éloignaient en direction de la porte, Rose se plaça entre James et Ralph.

— Vous avez vu ? chuchota-t-elle.

— Oui, répondit Ralph. J’imagine qu’avec ça, il n’y a plus aucun doute : Merlin est bien impliqué avec le Gardien. À votre avis, pourquoi ne veut-il pas à que nous lisions les chroniques de Harung Hrinddvane ?

— C’est évident, répondit James à voix basse. Il sait qu’il y a là-dedans des choses à son sujet. Il essaie de modifier la perception qu’ont les autres sorciers de son passé. Revalvier nous affirme régulièrement que les légendes ont été exagérées, mais si les gens ne cessent de lire que Merlin a enterré des armées, créé des tremblements de terre et des raz-de-marée, un jour ou l’autre, ils se poseront des questions. Comme l’a dit Rowena Serdaigle, Merlin peut enchanter les gens et leur faire croire ce qui lui plaît : il les force à lui faire confiance. Et il veut s’assurer qu’on continue à le croire un noble et bon sorcier.

Lorsque les trois amis arrivèrent dans la bibliothèque, Ralph s’arrêta dans un recoin et se tourna pour faire face aux deux cousins.

— Si Merlin a la pierre, est-ce que ça veut dire qu’il est déjà trop tard ?

— Pas vraiment, répondit Rose. Rappelle-toi, il y a deux anneaux, et chacun d’eux porte la moitié de la balise-pierre. Celui qui possède l’autre anneau garde sans doute une certaine influence sur le Gardien. Aussi longtemps que Merlin n’a pas réuni les deux pierres, il ne peut pas complètement le contrôler.

— Alors, notre seul espoir est que la seconde moitié de la pierre arrive dans de bonnes mains, répondit James. Si l’un des possesseurs d’un anneau cherche à écarter le Gardien, j’imagine que son pouvoir reste limité.

Rose parut inquiète.

— Pendant un moment, oui, peut-être. Je n’ai pas eu l’occasion de vous raconter ce que j’ai appris depuis la dernière fois. D’après toutes les légendes, une fois que le Gardien maudit a trouvé un hôte humain – une personne qui l’accepte en pleine connaissance de cause, et est prête à tuer pour prouver sa valeur – alors, plus rien n’a d’influence sur lui. La balise-pierre est bien le repère du Gardien dans ce monde, mais uniquement pendant qu’il cherche à parasiter un humain. Ensuite, il n’en a plus besoin. Et plus rien ne pourrait l’obliger à retourner jusqu’au Néant.

— Quand as-tu lu ça ? demanda Ralph, le visage livide.

— La nuit dernière. Je passe mes nuits à étudier pour trouver tout ce que je peux au sujet de la malédiction du Gardien. J’ai comparé mes notes avec celles de Lucy – nous nous envoyons régulièrement des hiboux. Beaucoup de ces légendes sont horribles ou inventées, mais toutes s’accordent sur quelques détails : la balise-pierre convoque le Gardien quand celui qui la porte reste suffisamment longtemps dans le Néant ; ensuite le Gardien suit son Émissaire dans notre monde. L’Émissaire peut utiliser la balise-pierre pour renvoyer le Gardien dans le Néant, du moins tant que le Gardien n’a pas pris possession d’un hôte humain. Une fois que c’est arrivé, la balise-pierre perd son pouvoir, et la malédiction se répand sur la terre. Et là, plus rien ne peut l’interrompre.

James fronça les sourcils, cherchant à examiner la légende sous tous les angles.

— Alors, puisque la pierre a été coupée en deux, aucun des deux possesseurs ne peut renvoyer le Gardien, même en le souhaitant. On est mal barrés.

— Mais le Gardien, que veut-il ? demanda Ralph à Rose. Pourquoi cherche-t-il à tout détruire ?

Le visage de Rose était très pâle.

— En fait, c’est très simple. Le Gardien déteste tout ce qui existe, parce qu’il veut rester unique. Il a toujours cru être le seul être vivant. Maintenant qu’il a découvert le monde des humains, il refuse de partager avec eux l’existence. Plus horrible encore, il se nourrit du désespoir et de la souffrance comme le plus affamé et le plus puissant des Détraqueurs. Mais si les Détraqueurs ne peuvent que voler les souvenirs affreux, le Gardien a le moyen de les provoquer lui-même. Il peut manipuler les réflexes basiques d’un cerveau humain et créer une panique élémentaire, une terreur sans nom. C’est ce que nous avons lu dans l’article du tabloïd que Lucy a envoyé. Le gardien essaye de comprendre comment réagissent les humains, comment les utiliser au mieux pour produire ces sentiments dont il a besoin. Pour le moment, il ne peut affecter que quelques humains en même temps. Mais une fois qu’il sera connecté à son hôte humain, il deviendra une part de l’humanité. Il sera alors assez puissant pour affecter des milliers, sinon des millions de personnes à la fois. Il aspirera la terreur de chacun, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien d’eux. Il les transformera en poussière, et continuera… Jusqu’à ce que la vie sur terre ait disparu.

— Sauf l’hôte, dit Ralph d’une voix affolée.

— Non, l’hôte aussi disparaîtra, chuchota Rose. À la fin, le Gardien se retournera contre lui. Il veut être seul. Aussi, quand tout sera terminé, il détruira son instrument. D’ailleurs, le plus affreux, c’est que l’hôte peut même en être conscient. Il sera être si désespéré et si triste à la fin qu’il ne se souciera même plus de son sort. En fait, peut-être l’espérera-t-il.

Quelque chose se déclencha dans la mémoire de James. Rose le lut sur son visage.

— Quoi, James ? On dirait que tu viens d’avaler un œuf d’hippogriffe.

— C’est mon rêve, répondit James, en se tapant le front. Ce que tu viens de dire ressemble de façon effrayante aux voix qui parlent dans mon rêve. Il y a quelqu’un avec une cape noire, caché dans un recoin. Il parle tout le temps. Il dit à la personne de mon rêve que la justice doit être rendue ; que le jour du jugement est venu ; que la personne de mon rêve doit volontairement accepter sa tâche, pour prouver sa valeur. Et dans mes rêves, cette personne paraît d’accord. Elle est en même temps triste et en colère. On dirait qu’elle a tout perdu. Du coup, plus rien ne compte pour elle. Pire encore, le reste du monde ne semble plus exister, parce que c’est à cause de lui que toute cette tragédie a eu lieu. Je ressens son désir de vengeance, son désespoir, mais par-dessus tout, sa tristesse, si étouffante qu’on dirait un mur noir, sans porte, sans espoir d’y échapper.

— Peut-être cette personne de tes rêves est-elle destinée à devenir l’hôte dont le Gardien a besoin ? proposa Ralph, les yeux écarquillés. Ça pourrait être Merlin, non ? Après tout, il a tué lui-même la femme qu’il aimait le plus au monde. Il a quitté sa propre époque où il ne pouvait plus supporter de vivre, surtout après ce qu’il avait fait. Peut-être que notre époque l’a aussi déçu. Il n’a pas voulu y revenir. Si Merlin est à ce point désespéré, ne serait-il pas d’accord pour laisser le Gardien tout détruire, et plus que tout, le détruire lui-même ?

Rose hocha lentement la tête.

— Oui, il ressent certainement des sentiments très tristes. Je ne suis pas certaine que l’hôte du Gardien soit forcément son Émissaire, mais je n’ai rien lu contre cette hypothèse.

James réfléchissait encore, essayant de se souvenir de son rêve. Il secoua la tête.

— Non, ce n’est pas Merlin dans mon rêve. Je n’ai jamais vu le visage de cette personne, mais je suis certain que ce n’est pas lui. Il y a quelque chose qui ne va pas. Elle est beaucoup plus jeune. Et différente. Non, ce n’est pas Merlin.

Rose haleta soudain, et posa les deux mains sur sa bouche tandis que ses yeux s’écarquillaient. En la voyant réagir ainsi, Ralph sursauta.

— Quoi encore ? gémit-il.

— La lignée ! s’exclama Rose d’une voix aiguë. Comment ai-je pu oublier la lignée ? Ils l’ont même mentionnée dans la scène que nous avons vue dans le miroir, près de la tombe de Tom Jedusor, vous ne vous en souvenez pas ? Le Gardien cherchait le meilleur hôte possible, et il a senti Voldemort. Comme il ne connaît rien aux humains, il n’a pas tout de suite réalisé que Voldemort était mort, du moins pas avant de se retrouver sur sa tombe. Il a réussi à faire parler la statue – peut-être en convoquant le fantôme de Voldemort ? Et alors, ce fantôme lui a dit qu’il y avait un autre hôte possible, avec le sang de Voldemort dans ses veines. C’est évident. L’hôte que recherche le Gardien est le descendant de Voldemort.

— Mais qui est-ce ? demanda Ralph. Nous l’ignorons, aussi nous nous retrouvons au même point de départ.

— Nous ne l’avons pas encore découvert, dit Rose, avec un sourire nerveux. Mais nous avons un moyen de le faire.

Elle regarda James. Il serra les lèvres, et soupira.

— Ma cicatrice fantôme. Tu sais, nous ne savons même pas d’où elle vient au juste, ni si nous pouvons faire confiance aux informations qu’elle nous donne.

Rose haussa les épaules.

— C’est tout ce que nous avons. Il faut espérer que ce n’est pas un piège pour nous tromper. Fais attention à tes rêves, James. Ils sont sans doute notre seul indice. Peut-être pourras-tu un jour apercevoir le visage de cette personne qui les partage. Ça nous mènera à la lignée.

— Il faut aussi trouver à qui appartient la mystérieuse voix qui parle, ajouta Ralph, avec force.

— Oui, ça aussi, admit Rose. Excellente remarque, Ralph. Crois-tu que ce soit Merlin ?

— Je ne sais pas. (Ralph poussa un grand soupir.) J’espère que non, mais l’autre option serait encore pire non ? Je crois qu’il vaut mieux un ennemi connu qu’un ennemi inconnu. Vous ne trouvez pas ?

Après le déjeuner, James traversa tout le château en courant pour rejoindre l’amphithéâtre où les cours d’Études sur les Moldus avaient lieu jusqu’à la fin de l’année. Quand il passa la porte voûtée qui menait aux gradins, il fut surpris de découvrir une atmosphère douillette, malgré les flocons qui continuaient à tomber comme un rideau épais sur les collines avoisinantes.

James rencontra Damien Damascus sur le devant de la scène.

— Heureusement, dit l’autre avec un sourire, que Curry n’est pas complètement obsédée par la manière moldue. Elle nous a autorisés à faire de la magie pour rendre l’atmosphère supportable. Pas mal, non ? Maintenant, il faut que j’apprenne à gérer ce truc-là. (Il tendit le bras, et montra le marteau qu’il tenait à la main.) Qu’en penses-tu ? Plutôt brutal, je trouve.

Autour de la scène, il faisait très bon. James enleva sa cape et la jeta sur un siège du premier rang. Il leva les yeux avec un sourire émerveillé. Le ciel était couvert de nuages gris ; des flocons tombaient en tourbillonnant, mais la neige semblait fondre dès qu’elle approchait de l’amphithéâtre. Près de la scène, les lumières paraissaient plus brillantes comme si un rayon de soleil traversait les nuages pour atterrir directement dans leurs globes suspendus. James se souvint d’un cours de Technomancie de l’an passé : il devina que, quelque part aux antipodes, un petit coin de soleil avait été emprunté… et la neige devait tomber à un endroit inhabituel !

Curry traversa la scène d’un vif.

— Ah, James ! s’écria-t-elle. Mon petit Travis, vous voilà enfin. J’espère que vous avez votre manuscrit ? Venez nous rejoindre. Pour le moment, nous préparons encore les décors, mais ça nous aidera pour l’ambiance que vous lisiez en même temps les passages importants.

En même temps que les autres acteurs, James lut son texte à voix haute. Malgré ses inquiétudes latentes concernant Merlin et le Gardien, il découvrit avec surprise qu’il s’amusait beaucoup. Il était un peu étrange parfois de jouer au milieu des coups de marteau ou des hurlements de l’équipe de Jason Smith. Noah Metzker était Donovan. Au cours d’un duo avec lui, Damien et trois autres accessoiristes, dressaient en arrière-plan un décor censé représenter un château gigantesque – avec les remparts, les tours et un balcon. Le bois était lourd ! Leurs cris et leurs grognements faillirent noyer les voix de James et de Noah.

Chaque fois que les acteurs se déplaçaient sur la scène, Curry les suivait avec un gros rouleau de ruban jaune. De temps à autre, elle prit James par les épaules, pour modifier sa position.

— Quand tu liras ce passage, n’oublie pas que des pieds doivent être sur cette ligne, dit-elle, en plaquant sur la scène un X de ruban jaune. C’est là que tombera la lumière des projecteurs. Continuez, Mr Metzker, et assurez-vous de ne jamais tourner le dos à l’assistance.

— Mais James est en face de moi ! protesta Noah en gesticulant. Et c’est à lui que je dois parler, non ?

— Vous êtes un acteur, Mr Metzker, s’écria Curry avec passion. Vous parlez à l’assistance, un point c’est tout.

Noah fronça les sourcils et examina les rangées de sièges vides.

— Mais ce ne sont pas eux qui menacent de s’enfuir avec Astra ! grommela-t-il.

— Mr Metzker, dit le professeur avec un soupir, lisez votre texte. Nous verrons ensuite qui s’enfuit avec qui.

Quand ils arrivèrent à l’acte II, James ressentit soudain une douleur sourde au niveau du front. Il s’appliqua à ne pas le frotter, mais la sensation empira. Plissant les yeux contre la violente lumière des projecteurs, il chercha en direction des sièges de l’amphithéâtre. Tout au fond, presque perdu dans la pénombre, il y avait Merlin. James ne distinguait pas son visage, mais la silhouette du grand sorcier était immanquable. Quand Merlin réalisa que James le regardait, il leva une main et toucha son front, comme pour un signe de reconnaissance. James écarquilla les yeux. Tout à coup, sa cicatrice fantôme le brûla atrocement. Il eut la sensation qu’un tisonnier rougi au feu venait de s’y presser. Il ferma les yeux, et se détourna.

Il heurta quelqu’un qu’il faillit renverser.

— James ? cria Curry. Que se passe-t-il ? Vous avez failli jeter Astra en bas de la scène.

La douleur de son front s’atténuant un peu, James rouvrit les yeux. Petra le regardait d’un air inquiet.

— James, ça va ?

— C’est les spots, mentit James. Ils sont aveuglants. Mais maintenant, ça va.

Il essaya de sourire. Curry s’éloignait déjà, hurlant des instructions à son équipe pour préparer l’acte II. Petra se rapprocha de James, et baissa la voix :

— Oui, dit-elle avec un sourire, je sais ce que tu veux ressens. Ces spots viennent du monde moldu, ils sont électriques ! On dirait des rayons laser mortels, non ? Dommage que nous n’ayons pas pu les utiliser l’an passé pour lancer la Caspule.

James sourit, et ses joues s’empourprèrent.

— Oui. (Ensuite, il ne sut pas quoi ajouter.) Euh… tu as déjà appris ton texte ?

— Pas du tout, admit Petra. Franchement, je trouve difficile d’avoir obtenu ce rôle parce que Joséphine est malade. La pauvre ! Elle a été obligée de se rabattre sur le département des costumes. Et elle est nulle en couture. Aussi, elle doit découdre les erreurs que font les autres. On dit que son Maléfice Vertigo est si violent qu’elle ne peut même pas monter un escalier. Elle restera à l’infirmerie, jusqu’à ce que Mrs Gaze réussisse à la renvoyer dans son dortoir.

La voix de Petra paraissait inquiète, mais James remarqua qu’elle souriait. D’ailleurs, James admit que c’était plutôt comique. Après avoir obtenu le rôle d’Astra, Joséphine s’était montrée d’une prétention odieuse, et James était convaincu que Petra le jouerait bien mieux. Il décida d’être honnête.

— C’est vraiment dommage pour Joséphine, dit-il, mais je suis heureux que tu aies le rôle. Je préfère jouer Travis avec toi qu’avec elle.

— À vos places, tous ! cria le professeur Curry. Mr Potter, Miss Morganstern, par ici, je vous prie.

Petra tourna la tête en direction de la sorcière.

— Allez viens, James, dit-elle en s’éloignant, notre public nous attend.

À nouveau, James piqua un fard. Il regarda un moment Petra, avant de courir la rejoindre.

 

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Dimanche matin, les trois amis erraient dans les couloirs du château.

— C’est sûr ? insista Ralph. Vous ne voulez pas venir passer les vacances avec mon père et moi dans notre appartement ? L’année dernière, je suis allé passer Noël chez James, aussi ce serait un échange normal. Mon père a prévu de faire cuire une oie pour le réveillon. Bien sûr, il n’y aura pas de têtes coupées d’elfes de maison pour chanter des chansons, ni de combat de CB – cible et bâton – mais quand même.

— Non, merci, Ralph, répondit James, ça va aller. Tu sais, je n’apprécie pas vraiment les têtes coupées des elfes de maison. Mais cette année, je crois que c’est mieux pour nous de rester à Poudlard.

Rose posant la main sur l’épaule de Ralph – ce qui était pour elle un effort, vu la taille du garçon.

— Il y a d’excellents Noëls qui se passent sans magie, dit-elle. Ton père est un Cracmol, et il n’y a aucune honte à ça. C’est aussi actuellement un homme important dans le monde magique. Il est chef de la Sécurité et responsable des Interférences de Précaution, aussi bien à Poudlard, qu’au Chemin de Traverse et à la banque Gringotts. Personne d’autre ne pourrait aussi bien comprendre l’électronique moldue et le fonctionnement du monde magique.

— Oui, je sais, dit Ralph avec un sourire timide. Mon père apprécie vraiment son travail. Il aide le ministère à développer un nouveau Sortilège de Désillusion qui fonctionne sur les appareils GPS moldus. Le principal problème du sortilège actuel est que les GPS n’ont pas de cerveaux pour réagir. Mon père appelle ce sortilège le « Charme de la Stupidité Artificielle ». Autrefois, il travaillait sur l’Intelligence Artificielle, et il dit que c’est la suite logique de ses études. Une fois en place, ce charme obligera tous les appareils GPS moldus à voir des embouteillages, des routes bloquées, ou n’importe quoi, et ils contourneront automatiquement les endroits magiques. De ce fait, ni les Moldus ni leur technologie ne seront plus jamais capables de retrouver ce qu’ils ne doivent pas connaître.

— C’est brillant ! dit Rose. Aucune des générations précédentes de sorciers n’aurait pu prévoir la façon dont les Moldus ont développé des satellites, des appareils GPS, ou des GameDeck capables de chatter sur le Net. Le monde magique a vraiment besoin d’un homme comme ton père pour développer des protections qui s’accordent à la technologie moderne. Il est vraiment un don du ciel.

Le visage de Ralph s’assombrit.

— Dommage que papa ait reprit son ancien nom sorcier, Dolohov. Il prétend refuser de laisser l’égoïsme de son père lui voler son héritage magique, mais moi, je ne trouve pas cet héritage si remarquable.

— Ton père as raison, dit Rose fermement. Tu n’es pas responsable de ce qu’on fait les autres membres de ta famille. Après tout, je trouve super que ton père force le monde sorcier à voir différemment le nom de Dolohov.

— Non, dit Ralph en haussant les épaules. Personne ne change d’avis. La plupart des sorciers continuent à détester ce nom – même ici, dans cette école. Tout le monde sait ce qui s’est passé durant la bataille de Poudlard ! Mon oncle a tué Remus Lupin, le père de Ted, dans ces mêmes escaliers. Le nom de Dolohov reste celui de meurtriers et de traîtres.

— Je trouve horrible que certains membres de ta famille se soient aussi mal comportés dans le passé, répondit Rose, mais c’était il y a bien longtemps. Personne ne peut t’en blâmer.

Ralph soupira.

— En principe, tu as raison, et pourtant, ils le font quand même. Et franchement, je les comprends. C’est pour ça que je préfère garder mon nom de Deedle. Je déteste toujours mes grands-parents, même s’ils sont morts depuis longtemps. Mon père préfère garder d’eux certains bons souvenirs… ou croire qu’ils n’étaient pas aussi mauvais qu’il y parait. Il est tiraillé à leur sujet ! À la fois il les aime et les déteste. Mais quels parents abandonnent un enfant parce qu’il est différent ? Quelles personnes forcent un enfant à jurer de ne jamais les revoir, ni leur parler, ni même chercher à savoir ce qu’ils sont devenus ?

Rose ne pouvait rien répondre à ça. Les trois amis déambulèrent un moment dans les couloirs, passant devant de hautes fenêtres qui leur donnaient de brefs aperçus du soleil d’hiver qui brillait au dehors. Après quelques minutes, James raconta aux deux autres sa conversation avec son frère, au cours du dernier match de Quidditch.

— Il affirme ne pas avoir pris la cape d’invisibilité et la Carte du Maraudeur ? répéta Rose. Et tu le crois ?

James haussa les épaules.

— Je ne sais pas. Il paraissait sincère, mais il était aussi en colère. Il est devenu très proche de Tabitha et des autres membres du club Crocs et Serres. Les Serpentard lui ont affirmé que j’étais jaloux de lui, que j’allais m’efforcer de lui rendre les choses difficiles.

— Et c’est la vérité ? demanda Ralph.

— Quoi ? cria James. Oh, oui… J’oublie toujours que tu es, toi aussi, un Serpentard. Non, Ralph, je ne suis pas jaloux d’Al, et je ne veux saboter aucune de ses chances. Simplement, j’ai peur qu’il croie aux mensonges de Tabitha. Elle l’a déjà convaincu d’avoir besoin de lui, parce qu’elle traversait une tragédie personnelle.

— Vraiment ? s’enquit Rose, les sourcils levés. Quel genre de tragédie ?

— Je ne sais pas. Après le match, elle paraissait bouleversée, et à mon avis, ce n’était pas seulement parce que son équipe avait perdu.

— Ces derniers temps, dans la salle commune, elle devient plutôt pénible, ajouta Ralph. En temps normal, tu sais, elle est toujours polie, à jouer la Reine de Glace. Mais plus maintenant. Dès qu’on lui parle, elle aboie ; elle ne cesse d’arpenter la salle d’un pas enragé ; ou alors elle boude dans un coin, penchée sur des parchemins et des livres. Je l’ai même vu repousser Philia et Tom Squallus. Par contre, elle ne repousse jamais Albus. Et c’est un peu bizarre, vraiment. Elle est quand même en septième année, et lui a trente centimètres de moins qu’elle ! Donc, si tu veux mon avis, je ne les trouve pas tellement assortis.

— Étrange, dit Rose, les yeux étrécis. Je me demande ce qu’elle a.

— Et pour la cape et la carte ? insista Ralph. Si vraiment Albus ne les a pas prises, ni toi, James, qui alors ?

James secoua la tête.

— Je n’en ai aucune idée, et franchement, je m’en fiche. Mon père les a peut-être mises ailleurs. Kreattur les a peut-être cachées dans son placard. Autrefois, il faisait toujours ça, à Square Grimmaurd, pour protéger les affaires de la vieille Mrs black.

— Tu devrais demander à ta mère de vérifier, dit Rose.

— Rose, ce n’est pas mon problème ! aboya James.

— Si, c’est ton problème, répondit calmement sa cousine, parce que ta mère continue à te croire coupable. Mais c’est comme tu veux. Après tout, si tu préfères que tout le monde te prenne pour un voleur, ça te regarde.

Ils étaient tous les trois devant une fenêtre qui surplombait la cour. Au bas des escaliers du château, Hagrid mettait des malles et des bagages à l’arrière d’une calèche, pour emmener un groupe d’élèves jusqu’au Poudlard Express. C’était le début des vacances, chacun rentrait chez soi. James soupira.

— Je vais descendre faire mes bagages, dit Ralph. Mon père doit me récupérer ce soir à la gare. Nous passerons la nuit à Pré-au-lard. Il doit rencontrer demain certains des commerçants. Nous rentrerons ensemble tous les deux à Londres dans la soirée.

— Amuse-toi bien, Ralphinator, dit James en essayant de prendre un ton joyeux. Passe de bonnes vacances. Et surtout, ne t’approche pas de la cabane hurlante !

— Aucun risque, dit Ralph. Je déteste ce mot, « hurlante ». Je ne tiens pas du tout à visiter cet endroit.

 

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La Malédiction du gardien
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